Si le vieillissement n’existait pas, faudrait-il l’inventer ?
Petite méthode pour se garder de l’arnaque des “avantages” du vieillissement
Les arguments qu’on oppose au longévitisme sont très variés : citons par exemple celui de la surpopulation, de la perte de sens, de l’ennui, des inégalités, etc.
Dans son livre Ageless (non traduit en français), le biologiste Andrew Steele donne une réponse intéressante et pleine d’esprit à tous ces arguments : si le vieillissement n’existait pas, faudrait-il l’inventer ? Autrement dit : si nous vivions sans vieillir, et que tous les problèmes hypothétiques ci-dessus prenaient de l’ampleur, le vieillissement serait-il l’option privilégiée pour les traiter ?
Personnellement, en tant que transhumaniste, je trouve que c’est la façon la plus élégante de retourner une discussion et d’obliger mes interlocuteurs à effectuer une expérience de pensée capable de les amener à considérer le bien-fondé du longévitisme.
Premier exemple, la surpopulation : si nous étions tous jeunes et en bonne santé, sans date limite de péremption, et qu’un nombre affolant de bébés débarquait chaque jour des maternités, menaçant de faire monter le prix des matières premières, que ferions-nous ? Injecterions-nous des maladies à développement lent à l’ensemble de la population, pour que les humains déclinent physiquement et mentalement, finissant par libérer de la place après une longue agonie ?
Deuxième exemple, la “perte de sens” : si nous étions tous jeunes et en bonne santé, mais vivions lentement et sans joie, ne trouvant aucune motivation nulle part, bref si cela avait créé une épidémie de dépression, mettrions-nous en place un long programme de mise à mort par étapes, pour nous motiver à nous lever le matin ? Est-ce comme cela qu’on traite les dépressions sévères ?
Dernier exemple, s’il faut absolument continuer ce petit exercice amusant : les inégalités économiques. Si seulement 10% de la population bénéficiait de thérapies régénératrices coûteuses mais efficaces, et ne vieillissait plus, faudrait-il interdire ces thérapies et condamner tout le monde au même sort ?
A chaque fois, la position pro-vieillissement est difficile à tenir sincèrement.
Si vous rencontrez donc quelqu’un qui vous sert un argument — quel qu’il soit — prétendant que le vieillissement a des avantages, essayez de retourner la discussion de la sorte : ces pseudo-avantages, ne peut-on pas en bénéficier autrement ?
Auteur : Emmanuel GAUVAIN